Article du Courrier de l'Ouest écrit par Gabriel Boussonnière
Du vin en qualité mais pas en quantité
À La Varenne, le Domaine Merceron-Martin a ouvert le bal des vendanges ce mercredi 4 septembre.
« La récolte sera moindre en quantité en raison du gel tardif en avril mais elle sera de grande qualité », assurent les vignerons.
Dix heures, ce jeudi 5 septembre, à La Varenne, dernière escale en Maine-et-Loire avant l’entrée en Loire-Atlantique. Une dizaine de vendangeurs, sécateur en main, détachent avec soin les grappes de Pinot noir accrochées sur les vignes.
Bienvenue au Domaine Merceron-Martin et ses 27 hectares de vignoble perchés sur des coteaux surplombant la Loire.
Ici, la machine à vendanger n’a pas totalement supplanté les travailleurs manuels. « On effectue environ 20 % de notre récolte à la main pour nos Crémants de Loire, ça fait partie du cahier des charges de l’appellation », précise Emmanuel Merceron, 39 ans, qui dirige l’exploitation avec son associé, Olivier Martin, 39 ans, un ancien ingénieur du son reconverti dans la viticulture.
Les cépages Pinot noir, Chardonnay et Chenin, qui servent à l’élaboration des vins pétillants, représentent une toute petite partie de la production du domaine. Le reste se répartit entre le Gamay (11 ha), le Melon de Bourgogne (7 ha), le Cabernet franc (4 ha) et le Pinot gris (3 ha). Le millésime 2019 s’annonce plutôt bien. En réalité, tout dépend si l’on regarde le verre à moitié plein ou à moitié vide.
« La récolte sera moindre en quantité en raison du gel tardif le 4 avril mais elle sera de grande qualité », assure Emmanuel Merceron. « Heureusement, toutes nos parcelles n’ont pas été touchées par le gel mais celles qui l’ont été donneront moitié moins. Pour les crémants de Loire, on a un rendement de 30 hectolitres par hectare cette année contre 60 en temps normal », ajoute Olivier Martin. Les deux vignerons font contre mauvaise fortune bon cœur. « On a des stocks d’avance, ce qui amortit le choc, et surtout la qualité sera au rendez-vous parce que la maturation du raisin s’est bien déroulée. Cette année, on a d’ailleurs démarré les vendanges dès le 4 septembre, c’est plus tôt que d’habitude. »
Implantées sur un sol limoneux et sableux, mêlé à des roches de type gneiss et orthogneiss, les vignes du Domaine Merceron – Martin donnent « des vins fins et équilibrés », dixit Olivier Martin. Bon an, mal an, les deux associés produisent entre 90 000 et 100 000 bouteilles par an, dont les deux-tiers partent en vente directe auprès des particuliers (50 %) et des professionnels (cavistes, restaurateurs, cafetiers, etc.) Le dernier tiers est vendu à un négociant, une Société d’intérêt collectif agricole (SICA) basée à La Chapelle-Saint-Florent qui se charge d’écouler la production.
Notre partenariat avec l’esat sud-loire |
UNE DÉMARCHE COLLECTIVE ET SOLIDAIRE
Pour effectuer ses vendanges, le Domaine Merceron-Martin de La Varenne fait appel à des travailleurs handicapés du vignoble nantais. Ils adorent leur travail.
Jérôme a 42 ans. Casquette rouge vissée sur la tête, il est plutôt du genre bavard. À l’heure de la pause-café, sur les coups de 10 h 30, le vendangeur se livre à quelques confidences. Sur son travail qu’il « adore ». Voilà six ans maintenant qu’il a rejoint l’Établissement et service d’aide par le travail (ESAT) de Saint-Julien-de-Concelles (Loire-Atlantique), une antenne de l’ESAT Sud Loire de Carquefou spécialisée dans les travaux viticoles. « J’aime bien travailler dehors, il y a un esprit d’équipe, on s’entraide beaucoup », explique Jérôme.
Des inconvénients, il y en a pourtant. Comme dans tous les métiers.
« Les vendanges, c’est physique, c’est fatigant », observe son collègue Patrice, 40 ans, et 12 ans de récoltes au compteur. Mais, on n’a pas de pression. Si on ne va pas assez vite, on ne va pas se faire renvoyer. »
Ce jeudi, ils sont une dizaine de salariés de l’ESAT à travailler pour le Domaine Merceron-Martin à La Varenne. « On est très content de leur travail, on fait appel à eux depuis 2011 et ça se passe très bien », assure Emmanuel Merceron, l’un des codirigeants de l’exploitation.
« Notre ESAT intervient dans tout le vignoble nantais. Au total, nous avons 48 salariés handicapés qui souffrent de troubles psychiques, indique Pascal Leroux, leur encadrant. C’est un travail qui leur convient bien, le fait d’être au grand air, ça calme les angoisses. » Leur mission ne se limite pas aux vendanges.
Elle démarre dès les premiers frimas de l’automne, en octobre, avec la prétaille de la vigne puis la taille en hiver et le palissage.
« Les vendanges, c’est ma saison préférée, on récolte le fruit de notre travail », dit Anne, 57 ans, la plus âgée du groupe.
« On discute, on rigole, ça fait du bien », embrayent Jérôme et Patrice. Lequel attend avec impatience les portes-ouvertes pour goûter (avec modération) le Malvoisie, son vin « préféré » du Domaine Merceron-Martin.
Le temps des vendanges devrait durer encore trois semaines, un mois au Domaine Merceron-Martin.
Dès lundi 16 septembre, les vignerons s’attaqueront aux parcelles de Melon de Bourgogne, le cépage du Muscadet. À la machine cette fois.
Article du Courrier de l'Ouest écrit par Gabriel Boussonnière